Une joie féroce est un roman qui s’éloigne des romans personnels ou plus politiques de Sorj Chalandon, tels que les sublimes Mon traitre ou Retour à Killybegs. Il est plus léger, plus divertissant malgré le mot cancer.
Jeanne apprend qu’elle a un cancer du sein. Son mari ne va pas gérer la situation, sa nouvelle odeur, la seule idée de la perte des cheveux de sa femme le révulse. Son soutien, elle va le trouver auprès de femmes qui doivent faire face à la même épreuve, les douleurs, la chimiothérapie, les perruques et autres douceurs.
Une joie féroce est d’abord l’histoire de l’amitié et du lien qui va unir ces femmes, Brigitte qui détone, Assia qui rouspète et Mélody qui espère. Mais c’est aussi celle d’une idée loufoque et déraisonnable qui va les mener bien plus loin que ce que Jeanne imaginait, un projet fantasque débordant d’une joie féroce et qui porte le livre.
Ce côté fantasque n’apparaît pas tout de suite. Le livre comporte en quelque sorte deux parties différentes (non identifiées comme telle dans le roman). Ce que j’appelle la première partie, ce sont les six premiers chapitres « sérieux » sur la nouvelle du cancer, du protocole, la prise de conscience, les effets psychologiques et les réactions du mari. Cette partie du livre m’a paru touchante, crédible et juste sur la maladie et ses réactions, tant dans les faits que dans les impacts intimes et psychologiques.
Le chapitre sept initie un changement, et j’avoue avoir douté un peu à partir de ce moment là. Le livre prend une autre tournure. Une joie féroce devient plus « léger » et le roman se transforme en un amusement plus drôle que profond, en une aventure foutraque, peu crédible, un dénouement tiré par les cheveux, un mélange de « trop » de bons et de mauvais sentiments affichés et pas « assez » de la profondeur qui avait été initiée au début du roman.
En vacances lors de sa lecture, avec une concentration pleine de crème solaire et d’eau salée, le roman convient parfaitement bien à une telle ambiance reposante et relaxante. Une lecture fluide et facile, sans prise de tête et de réflexion, que j’ai dévorée sans sourciller.
J’ai cependant regretté de ne pas avoir retrouvé mon Chalandon préféré, celui plus intime de La légende de nos pères et des merveilleux coups de coeur Profession du père, et Le quatrième mur, outre le duo irlandais précité de Mon traitre et de Retour à Killybegs.
Sorj CHALANDON
Une joie féroce
Grasset, août 2019, 320 pages
mais j’ai été tellement, tellement déçue!! Rien à voir avec les titres que tu cites oui! et j’ai tout lu de lui…
Tout le monde peut avoir une baisse de régime, même Chalandon …
Ce titre semble décevoir ses lecteurs habituels (j’en fait partie). Il attendra donc…
c’est vrai qu’en commençant ce livre de Chalandon, ce n’est pas à ce style d’histoire à laquelle je m’attendais. Il ne me perd cependant pas comme lectrice habituelle. Je retentirai le prochain sans aucun doute.
Je vais lire celui-ci parce que c’est Chalandon et que j’ai beaucoup aimé les livres que j’ai lus de lui, mais je sens que la deuxième partie du roman risque de ne pas beaucoup me plaire…
Elle reste ludique et n’est pas désagréable du tout.
J’avoue que pour moi, Chalandon en fait toujours un peu trop dans les sentiments, bons ou mauvais … J’ai lu ses trois ou quatre premiers titres avant de réaliser que ce n’était pas la peine d’insister !
J’ai eu cette impression pour la première fois de manière très marquée lors de son précédent roman (je n’ai d’ailleurs pas fait de billet sur ce livre). Je ne pensais pas que cela se reproduirait, j’ai tellement, mais tellement aimé ses autres livres.
Comme toi, j’avais beaucoup aimé Profession du père. J’avoue que je ne suis pas très tentée par celui-là…
Ce n’est pas son meilleur …