Poupée volée, le troisième roman d’Elena Ferrante, se penche sur la question de la maternité et de la féminité, autour du personnage d’une femme solitaire, Leda.
Le roman commence par une première scène d’accident in media res, qui déroute totalement. De quoi s’agit-il ? Quelques pages plus loin, la raison de cette entrée en matière sans préambule se dévoile.
Leda est partie en vacances, seule. Elle veut être tranquille. Mais c’est sans compter sur la famille bruyante et mal élevée qui vient tous les jours sur la plage, à côté d’elle, faire du bruit et la déranger. Avec cette petite fille Elena ou Lenù (à noter que c’est également l’identité choisie de la narratrice de L’Amie prodigieuse) qui attire l’attention. Leda pense à sa vie, regarde, espionne, se souvient, s’agace.
Les journées se déroulent. Il faut arriver quasiment à la moitié du livre pour atteindre le dénouement principal et le point clé au roman. Même en grande fan d’Elena Ferrante, c’est un peu trop long.
Mais à partir de ce moment, le roman prend une autre dimension. La face cachée de Leda se révèle. Derrière cette femme discrète et un peu sans saveur, on découvre son côté plus sombre, plus réel. Attention, il ne s’agit pas ici de découvrir un côté « dark » et horrible, qui transformerait le livre en thriller. Non. Mais on voit apparaître son vrai côté, celui que chacun cache derrière ses bonnes actions et ses sourires, pour elle, son rapport à la maternité. Et c’est cette dimension qui fait l’intérêt de tout le roman.
A noter que le style de Poupée volée, s’il est agréable et assez littéraire, m’a étonnement semblé moins travaillé, moins précis que celui de L’amie prodigieuse et de sa suite, Le nouveau nom.
En fait, tout en prenant un réel plaisir à la lecture de Poupée volée, je préfère néanmoins Elena Ferrante dans sa tétralogie napolitaine (en tout cas, les deux premiers volumes à ce jour), où la psychologie des personnages, l’analyse de l’Histoire et la description des lieux sont plus poussées, plus fouillées, donnant plus d’intensité à sa narration.
Lu dans le cadre du Challenge Italie, organisé par Eimelle.
Les premières lignes de Poupée Volée :
Je commençais à me sentir mal après moins d’une heure de route. Ma brûlure sur le côté se réveilla, mais je décidai pendant un moment de ne pas lui accorder d’importance. L’inquiétude me gagna seulement quand je me rendis compte que je n’avais plus la force de tenir le volant.
La présentation des éditions Gallimard :
(ATTENTION SPOILER)
Pourquoi Leda interrompt-elle brusquement ses vacances? Enseignante à l’université de Florence, seule depuis que ses deux filles sont parties rejoindre leur père au Canada, elle passe quelques semaines au bord de la mer et, parmi les estivants qu’elle observe chaque jour sur la plage, s’intéresse surtout à une famille, une véritable tribu. Elle se lie plus particulièrement d’amitié avec Nina, jeune femme mariée à un homme plus âgé, et à sa fille Elena, qui semblent très complices et comme étrangères à une famille un peu rustre. Cette rencontre constitue pour Leda l’occasion de réfléchir à ses rapports avec ses propres filles, qu’elle a abandonnées pendant trois ans alors qu’elles étaient encore enfants, et à une maternité qu’elle n’a jamais pleinement assumée. Saura-t-elle se montrer à la hauteur cette fois?
Magnifique portrait de femme, Poupée volée est une réflexion lucide sur la difficulté d’être mère, à laquelle l’écriture puissante et viscérale d’Elena Ferrante confère toute son universalité.
Elena FERRANTE
Poupée volée
Traduit de l’italien par Elsa Damien
Gallimard, avril 2009, 176 pages.
VO : 2006, La figlia oscura
Eh bien, je meurs d’envie de découvrir la trilogie. Je laisserais donc celui-ci de côté.
Merci pour ton avis !
Je te comprends, je meurs d’envie de lire le 3e tome !
Je préfère découvrir l’auteur avec L’amie prodigieuse!
Oui Tiphanie, tout à fait !
Même si j’ai beaucoup aimé « Poupée volée », comme toi, je lui préfère largement la saga napolitaine. Je me suis acheté « Les jours de mon abandon », que je n’ai toujours pas lu.
Difficile de résister à l’attraction Ferrante une fois que l’on a commencé.
J’en garde un souvenir assez flou, contrairement à mes autres lectures de l’auteur.
Ma lecture est récente, je verrai dans le futur ce qu’il m’en reste, mais je note que ce n’est donc pas le livre le plus marquant pour toi non plus.
N’ayant lu « que » L’amie prodigieuse et en attente du Nouveau nom (toujours en liste d’attente à la médiathèque), j’ai emprunté et lu son premier roman. Une belle écriture où la femme, la relation mère/fille est traitée avec une grande sensibilité et réalité.
Je retiens aussi ton choix!
Merci pour l’information sur son premier roman, je ne l’ai pas encore lu et j’ai bien l’intention de rattraper cette lacune !
J’ai « l’amie prodigieuse » dans ma PAL, pour l’instant, j’en reste là, je n’en rajoute pas.
Il vaut mieux rajouter le n°2 et le n°3 à paraître de l’amie prodigieuse, comme ça, la lecture peut se faire sans coupure 😉
Ton enthousiasme est quand même très relatif 😉
Ce n’est pas celui que je préfère, c’est certain 😉
c’est mon préféré en dehors de la série Amie Prodigieuse . je l’ai trouvé brillant, avec un portrait très riche et complexe de Leda, et une tension très bien maîtrisée, j’adore!
C’est vrai que je ne l’ai pas trouvé brillant contrairement à toi, et si une tension existe, je ne l’ai pas trouvé équilibrée. Mais j’ai passé un bon moment, cela va sans dire !
Pas certaine de lire la suite de la tétralogie… Du coup, je passe sur celui ci… 😉
J’oublie parfois qu’on puisse ne pas être adepte de cette tétralogie que j’adore 😉
maintenant que j’ai enfin lu un livre de cette auteure, je vais pouvoir explorer ces premiers romans!
J’ai bien prévu de lire le tout premier « l’amour harcelant » en 2017, mais après le 3e tome de l’amie prodigieuse 😉