Une maison de poupée est une pièce qui a beaucoup choqué à sa sortie en 1879, montrant une image de la société et des relations de couple – et surtout de la place de la femme – très ouvertement critique et féministe.
Quelle réjouissance !
C’est la période de Noël. Nora s’occupe d’organiser la réception, la décoration du sapin pendant que son mari, Helmer, un banquier venant d’obtenir un nouveau poste, régente la maison et surtout sa femme, qui semble être une enfant superficielle, sans cervelle et totalement assistée, sans aucune capacité autre que « tenir sa maison », et encore lui faut-il de l’aide.
On apprendra qu’elle a su quand il le fallait trouver de l’argent pour sauver son mari malade et le soigner, mais les événements risquent de dévoiler ce secret que Nora veut absolument taire et garder pour elle.
Cette pièce en trois actes, qui se déroule dans une maison cossue et bourgeoise lors de Noël, commence de manière très enjouée et festive. Loin de lire une pièce norvégienne dramatique et pesante, on est tout de suite contaminé par la joie de vivre de Nora qui déborde de vivacité et d’enthousiasme, qui veut faire plaisir à ses trois enfants et son mari.
Et puis, subrepticement, le rouage va se gripper. Krogstad, dernière ses airs faussement sympathiques va vouloir profiter de la promotion du mari, Kristine Linde, une amie d’enfance veuve, débarque à ce moment là et se retrouve au milieu de ce secret de famille. C’est pourtant toujours de manière légère bien que tendue que Nora va tout faire pour tenter d’éviter le moment fatidique de la révélation du secret, et on reste pendu à cette attente, en se demandant ce qu’il va se produire …
♡ ♡ ♡ En plus d’être gaie, avec une pointe de suspens, tout en restant hors du registre comique, la critique sociale du rôle de la femme « bêtasse » assignée à la maison, sans indépendance et capacité de penser, est finement dépeinte, acerbe juste ce qu’il faut, avec en plus une fin féministe inattendue. Et c’est ce qui fait le charme de cette pièce, qui n’est pas du tout – comme je le craignais un peu – pénible et ennuyeuse à lire. Mais pas du tout, je me suis régalée !
Première réplique, de l’Acte I :
Nora
Occupe-toi de l’arbre de Noël, Hélène. Il ne faut absolument pas que les enfants le voient avant ce soir, quand il sera décoré. (Au commissaire, en sortant son porte-monnaie.) C’est combien ?
Présentation (4e de couverture) des éditions Folio :
(ou lien site Gallimard)
En Norvège, dans «une maison confortable et de bon goût», une famille se prépare à fêter Noël. Mais le douillet et rassurant cocon se fissure quand le secret de Nora, la jeune et joyeuse épouse, menace soudain d’être dévoilé à son mari. Dès lors, toute allégresse recule, et les enfants aux joues rouges s’effacent devant des personnages qui surgissent tour à tour – amie de jeunesse, médecin, créancier –, semant le doute et l’inquiétude. En ébranlant ainsi la certitude lisse de son héroïne qui pensait avoir toujours agi comme elle le devait, Ibsen crée l’une des grandes figures du théâtre nordique, dont on continue d’interroger la volte-face et la destinée.
Henrik IBSEN (1828 – 1906)
Une maison de poupée
Edition présentée :
Edition et traduction (du norvégien) par Régis Boyer
Février 2013, Folio Théâtre n°144, 304 pages
Original : 1879, Et Dukkehjem
Chouette ! J’avais adoré « Le canard sauvage », et sa représentation, celle disponible sur Culture Box, était tout aussi intéressante – je ne me souviens plus qui l’avait mis en scène :/
Merci du conseil Perrine, ç’est noté, j’ai très envie de découvrir d’autres pièces de lui 🙂
une des rares pièces de théatre que j’ai envie de lire! (le Mélange des Genres va m’y pousser ;-))
Franchement, n’ayant jamais lu Ibsen (encore un point dans la liste de mes lacunes), je m’attendais à une pièce soporifique, mais pas du tout ! Pourquoi est-ce que j’avais cet a priori ? Je ne sais pas.
j’en avais vu une version très intéressante (et secouante!) il y a qqs temps, c’est un texte fort!
Je n’en doute pas ! Je pensais que cela risquait d’être ennuyeux …. à tort ! Je vais donc essayer de le voir 😉