Amélie Nothomb revient avec un conte, enfin ! Riquet à la houppe est frais, léger, enfantin, drôle, terrible, joli, paradoxal, il est tout ce qui fait un Nothomb qui se dévore sans sourciller.
Énide et Honorat vont avoir leur premier enfant. C’est un garçon, il s’appelle Déodat, mais il est tout fripé, la bouche rentrée, il ressemble à un nouveau-né vieillard. Non, chez Déodat, ça ne passera pas. Il est moche, vraiment moche. Mais en parallèle, il est extrêmement intelligent, et parlera très tôt. Un exemple ? Sa première phrase : « Maman, cette robe te va bien ». C’est la stupéfaction familiale.
Trémière elle, c’est l’inverse. C’est une beauté comme il n’en existe jamais et ses qualités sont la contemplation, le silence, l’attente. Bref, l’intelligence semble l’avoir totalement désertée. Ces deux là, on se pose la question dès qu’on fait leur connaissance, sont faits pour se rencontrer. Mais cela va-t-il se passer ?
Mise à part un petit passage un peu long sur les oiseaux, Amélie Nothomb réussit un conte absolument charmant, qui se dévore d’une traite, grâce à une fraîcheur et un humour jouant sur les mots, les expressions, l’absurdité et le décalage, qui n’existait plus à ce point dans ces précédents romans.
Ca faisait longtemps qu’Amélie Nothomb s’était plus ou moins éloignée du style d’une grande partie de ses premiers romans, hésitant entre la fable et le conte, le décalage avec le réel, des situations drôles de par leur absurdité sans jamais être grotesque, un imaginaire fantasque qui en fait toute l’originalité. Quel plaisir de la retrouver sur ce terrain !
Toujours des prénoms à couper aux couteaux, de l’imagination à profusion, une grand-mère Passerose digne des meilleurs contes pour enfants, une narration truculente de petits événements, des petits pics sur la société contemporaine, une histoire de deux vies solitaires, des questionnements sur la différence, la beauté, l’intelligence, pas de développements sur le sujet non, mais le thème est là, en filigrane.
Le rapport avec le conte de Perrault, Riquet à la houppe ? Si vous ne vous souvenez pas de ce conte, c’est l’histoire de deux reines, l’une eut un enfant laid, mais qui reçu le don d’être intelligent, et l’autre une fille très jolie, qui était très bête. Est-ce que le conte revisité par Amélie Nothomb a autant de saveur que celui de Perrault ?
Oui, oui, oui, si vous avez une âme d’enfant, même avec des a priori contre Nothomb, franchement, vous allez passer un bon moment !
Les premières lignes :
(Lire un extrait plus long)
Enceinte à quarante-huit ans pour la première fois, Énide attendait l’accouchement comme d’autres la roulette russe. Elle se réjouissait pourtant de cette grossesse qu’elle espérait depuis si longtemps. Quand elle en avait pris conscience, elle en était au sixième mois.
La 4e de couverture des éditions Albin Michel :
« L’art a une tendance naturelle à privilégier l’extraordinaire. »
Amélie NOTHOMB
Riquet à la houppe
Albin Michel, Août 2016, 198 pages.
2ème lecture du Challenge 1% Rentrée Littéraire 2016
D’habitude, je suis déçue avec les romans d’Amélie Nothomb mais comme toi, celui-ci m’a charmée. Je trouve que ce style lui va très bien, ça lui apporte de la fraicheur, de la nouveauté !
Oui, oui, oui !!! Ca me fait plaisir ça 😀
Je ne lis plus Amélie depuis bien longtemps… Elle m’agace et ses romans aussi…
Elle n’arrive pas à m’agacer, en fait, elle me fascine plutôt, mais je comprends ton sentiment, il est partagé par plusieurs d’ailleurs.
Pas lu cette auteure depuis longtemps, tu donnes drôlement envie ! Du conte, parfait pour affronter la rentrée 😉
Ce petit dernier, c’est l’occasion parfaite pour se remettre à Nothomb !
Mon préféré reste vraiment » les Catilinaires » mais je maintiens ma demande d’être sur la liste de prêts :)))bisous
Ton préféré est en plus le même que le mien ! Promis, je te le prête la prochaine fois 😉
Je vais peut-être lui consacrer 40 minutes, alors 🙂
Ben oui, ça les mérite tout de même 😉
Lu avec beaucoup de plaisir mais il ne m’en restera pas grand chose au final : )
Le but, c’est de lire avec beaucoup de plaisir, c’est déjà pas mal !
Je n’ai lu que son Stupeur et tremblements il y a longtemps. Je me méfie un peu de ces auteurs très prolifiques, un conte ça ne me branche pas tant que ça, je vais peut être choisir un de ces livres plus anciens pour voir si ça « colle » entre nous.
Edyta, mon préféré, je crois que c’est vraiment Les catilinaires. Si tu n’aimes pas, je m’incline 🙂
Pour moi Nothomb c’est définitivement non !
Bon, je n’insiste pas, quand on est contre, on est contre 😉
Trop déçue par mes précédentes lectures, je trouve qu’elle n’a plus jamais égalé « Hygiène de l’assassin »…et puis ces caractères énormes pour malvoyants, ça me saôule, j’ai chaque fois l’impression d’une arnaque à la « qualité ».
Celui là est un peu plus long, et écrit peut être un peu moins gros que les autres. Bon, bref, j’ai vraiment beaucoup aimé 😉