Gros coup de coeur !
Réparer les vivants est absolument génial !
Le sujet en soi est original : l’histoire d’une transplantation cardiaque, racontée comme si le lecteur était une petite caméra ou un moustique indiscret et curieux, qui se trouve toujours là, au plus près des événements, à l’instant clé des faits qui s’enchaînent dans un rythme haletant.
Car oui, le rythme est palpitant : 05:50 « quand soudain tout s’est emballé », et 05:49 quand tout se termine. Le roman est scandé par les minutes qui défilent et la notion d’urgence, comme dans le meilleur des policiers ou roman à suspens. On retient son souffle, on n’ose à peine cligner les paupières : nuit blanche assurée jusqu’au point final.
Dès les premières pages d’ailleurs, on est emporté dans l’univers de Maylis de Kerangal, dès la description de ce départ dans la nuit pour atteindre le nirvana des surfeurs, pour aller au bout de l’extrême et de l’impossible, au plus près de la vague, du risque recherché et inévitable, de l’adrénaline qui coule dans les veines.
En parallèle, c’est extrêmement documenté, dans un équilibre parfait entre tension narrative et technicité médicale, jamais elle n’ennuie avec trop de termes techniques, jamais elle n’en fait trop, elle est au contraire extrêmement juste, précise, concrète, et en même temps, sans pathos inutile, touchante et d’une grande humanité : elle a vécu cette histoire au plus près d’elle et de ses proches, et nous fait partager cette expérience unique avec pudeur et richesse.
>Maylis de Kérangal réussit un très très grand roman.
Prix littéraires :
Prix Orange du Livre 2014
Grand Prix RTL-LIRE 2014
Prix du Roman des Etudiants France Culture-Télérama 2014
Prix Relay des Voyageurs 2014
Prix des lecteurs de l’express/BFMTV 2014
Prix Littéraire Charles Brisset 2014
Prix Paris Diderot – Esprits libres 2014
Prix Agrippa d’Aubigné 2014
Prix du meilleur roman de Lire 2014
Les premières lignes de Réparer les vivants :
Ce qu’est le coeur de Simon Limbres, ce coeur humain, depuis que sa cadence s’est accélérée à l’instant de la naissance quand d’autres coeurs au-dehors accéléraient de même, saluant l’événement, ce qu’est ce coeur, ce qui l’a fait bondir, vomir, grossir, valser léger comme une plume ou peser comme une pierre, ce qui l’a étourdi, ce qui l’a fait fondre – l’amour ; ce qu’est le coeur de Simon Limbres (…)
La présentation des éditions Folio :
(ou lien direct site Gallimard)
«Le cœur de Simon migrait dans un autre endroit du pays, ses reins, son foie et ses poumons gagnaient d’autres provinces, ils filaient vers d’autres corps.»
Réparer les vivants est le roman d’une transplantation cardiaque. Telle une chanson de geste, il tisse les présences et les espaces, les voix et les actes qui vont se relayer en vingt-quatre heures exactement. Roman de tension et de patience, d’accélérations paniques et de pauses méditatives, il trace une aventure métaphysique, à la fois collective et intime, où le cœur, au-delà de sa fonction organique, demeure le siège des affects et le symbole de l’amour.
Maylis de KERANGAL
Réparer les vivants
Verticales, Janvier 2014, 288 pages
Folio, mai 2015, 304 pages
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(Dernière mise à jour : 25/05/2015)
Beau billet. Une lecture marquante pour moi aussi…
Je viens de lire ton avis, c’est un peu LE livre de l’année, jusqu’à aujourd’hui 🙂
J’avais déjà envie mais après avoir écouté l’émission des bibilomaniacs ce matin, je sais que je vais le lire!!
C’est super gentil ! J’espère vraiment qu’il va te plaire 🙂
Je suis entièrement d’accord !
Je me demande si on peut le lire sans que ça ne devienne un coup de coeur.