Les humeurs insolubles est le 3e roman de Paolo Giordano, ce jeune auteur italien (33 ans) qui nous avait enchantés en 2008 avec son premier roman, La solitude des nombres premiers. La magie ne se renouvelle malheureusement pas ici.
Dès les premières lignes, la mort de Madame A. est annoncée par le narrateur. C’était le jour de ses 35 ans. Il va alors revenir sur sa vie de couple avec Nora, la naissance de leur fils Emanuele, et raconter la façon dont ils ont fait la connaissance de madame A., la façon dont elle s’est installée dans leur vie et la façon dont elle en est sortie.
Alors que le sujet se veut intime et personnel, il n’est pas facile d’entrer dans la vie de ce jeune couple, ni de s’intéresser réellement à leur existence et à leur rencontre avec Madame A. Ils vivent, mais aucun élément ne permet vraiment de s’attacher à eux.
Vers la moitié du roman, la maladie de madame A. est annoncée. Même avec un sujet tel que le cancer, le rapport aux soins, à la douleur, si Paolo Giordano réussit un peu à émouvoir (il est difficile de ne pas l’être), il n’arrive pourtant pas vraiment à convaincre.
Pour tenter de donner plus d’empathie à ses personnages et à ce couple qui n’a pas beaucoup de consistance, il ajoute un élément narratif concernant leur fils Emanuele, qui n’ajoute rien au récit, mais semble être utilisé pour justifier les rapports difficiles du couple et n’être finalement qu’un artifice pour forcer le lecteur à l’empathie. C’est dommage, car cela ne fonctionne pas vraiment, et ne permet pas d’effacer la distance entre le livre et son contenu.
Ceci étant, la lecture est fluide et n’est pas désagréable, mais il aurait peut-être fallu des personnages plus incarnés, avec des profils psychologiques plus développés pour qu’un intérêt s’éveille et se maintienne pour ces « humeurs insolubles ». D’ailleurs, toute explication sur la traduction du titre original est la bienvenue, et me permettrait de comprendre le début de cette phrase :
» J’étais certain que l’argent de Nora et mon noir se mélangeait lentement et qu’un seul fluide métallique, bruni, coulerait en nous, semblable par sa couleur aux anciens bijoux berbères »
Attention, pour les lecteurs personnellement concernés, certains passages sur le cancer et le traitement de la maladie, même traité de manière assez rapide, peuvent être perturbants.
Les premières lignes :
Le jour de mon trente-cinquième anniversaire, madame A. a brusquement renoncé à l’obstination qui, à mes yeux, la caractérisait plus que toute autre qualité et, déjà préparée dans un lit qui paraissait disproportionné par rapport à son corps, a enfin abandonné le monde que nous connaissions.
La 4e de couverture des éditions du Seuil :
Pendant des années ils se sont abandonnés à ses soins, à la sécurité qu’elle leur transmettait : madame A., la servante au grand cœur, a élevé avec amour le petit Emanuele et materné ses parents, faisant face à toutes leurs incertitudes. Aussi, quand elle s’éloigne discrètement pour affronter seule la maladie, le monde semble s’écrouler. Nora et le narrateur s’aiment, mais cela ne suffit pas; ils se sentent soudain démunis, ne savent comment s’y prendre, et les humeurs de chacun prennent le dessus. Contrairement à ce qu’ils pensaient, les fluides qui coulent en eux ne peuvent se mélanger. Mais, avant de les quitter définitivement, madame A. saura leur insuffler le courage de prendre en main leur vie.
Dans ce roman d’apprentissage familial, intimiste, habité, une histoire de deuil se mue en histoire d’amour.
Patrick GIORDIANO
Les humeurs insolubles
Traduit de l’italien par Nathalie Bauer
Seuil, Octobre 2015, 144 pages
VO : 2014, Il nero e l’argento
Jugement sévère ! Au cas où j’aurais eu un doute, je passe tout de même mon chemin ! Cela dit le titre est très beau !
Oui, le titre est très beau, c’est dommage que le livre le soit un peu moins.
Voilà qui ne donne pas très envie.
Je ne pense pas en effet que ce livre fera des merveilles.
Je garde un très bon souvenir du premier. Je te fais confiance, je ne poursuivrai pas avec celui-ci.
Oui, garde ton bon souvenir intact.
oh, tiens, je n’ai toujours pas lu « la solitude des nombres premiers », ça me le remet en mémoire.
C’est un chouette livre pour les vacances de la Toussaint 😉
curieusement, je n’avais pas du tout accroché à son premier roman, donc je passe sans problème sur celui-là.
Je l’avais dévoré !
Pas très tentée, en ce qui me concerne…
Je n’insisterai pas …
Dommage. J’avais beaucoup aimé son précédent roman…
Next!
Je ne l’ai pas lu son précédent, je garde ça en tête, j’avais tellement aimé son premier.
c’est la journée des déceptions!
Allez, on passe au prochain!
Je n’ai pas que des déceptions italiennes, loin de là 😉