Le Poids de la neige a attiré mon regard dès sa sortie par sa magnifique couverture d’un intérieur isolé, aux meubles couverts de neige, qui sent l’isolement et la solitude. Une excellente intuition pour ce roman glacé et chaleureux qui a obtenu le Prix France Québec 2018, parmi d’autres.
« La neige règne sans partage. Elle domine le paysage, elle écrase les montagnes. Les arbres s’inclinent, ploient vers le sol, courbent l’échine »
La première phrase du roman pourrait aussi bien s’appliquer aux hommes de cette histoire apocalyptique, qui ne sombre jamais dans le fantastique ou le surnaturel. Les hommes s’inclinent, ploient, courbent l’échine face à cette neige et ce froid qui les submergent.
Une panne d’électricité a coupé du monde un village entier. Le narrateur – le personnage principal – le découvre à son réveil. Il venait voir son père après une absence de dix années. Un très grave accident le cloue au lit. Son garde malade, Matthias, un vieux qui n’est pas du coin et s’est retrouvé coincé par les événements, accepte de veiller sur lui à la condition qu’il fasse partie du premier voyage qui rejoindra la ville.
Certains hommes collaborent, la vétérinaire, le médecin, ils sont quelques uns – quoique rares – à les aider, il faut aussi aller chasser, faire des rondes, éviter des arrivées extérieures qui viendraient rompre l’équilibre instable, la sécurité fragile qui maintient en vie cet îlot isolé.
Dans ce huis clos montagneux, une relation compliquée va se nouer entre ces deux hommes contraints de vivre ensemble pour survivre, au côté de la neige qui ne cesse de tomber, de refroidir les espoirs et d’enliser les meilleures volontés.
Un roman sans fioriture littéraire, de très jolies plongées dans l’espace enneigé et la tempête glacée. Un livre bienveillant et doux, malgré l’isolement et les dangers, malgré les restrictions alimentaires et le froid, malgré le combat du corps et de l’esprit pour survivre.
Christian Guay-Poliquin réussit à créer un duo masculin réaliste entre méfiance et crainte, besoin et nécessité, dans cette maisonnette du bout du monde, où la douceur de l’entraide et des valeurs humaines va réchauffer une atmosphère de fin du monde.
Le Poids de la neige est une belle surprise, à lire sans hésiter pour les adeptes du froid et de la chaleur du poêle à bois, des relations humaines justes et sincères, des huis clos équilibrés et réussis.
Christian Guay-Poliquin, Le Poids de la neige
Editions de l’Observatoire, janvier 2018, 252 pages
En savoir plus sur Christian Guay-Poliquin, né au Québec en 1982 et doctorat en études littéraires.
J’ai beaucoup aimé l’atmosphère ce de roman.
L’atmosphère du roman est si juste, il n’en fait pas trop, il n’est pas tombé dans le piège d’accentuer le côté apocalyptique du huis clos, oui, une très jolie atmosphère.
On est nombreuses à l’avoir aimé:)
C’est tellement agréable de découvrir un nouvel auteur et d’aimer son univers.
J’avais adoré ce roman, son atmosphère. Ravie de te relire.
Merci Marilyne de ton message, et tu as raison, l’atmosphère de ce roman est particulièrement bien rendue.