National Book Award 2013, L’oiseau du bon dieu de James McBride met en scène l’abolitionniste John Brown, dans l’Amérique des années 1850 et de l’esclavage, et un jeune garçon attachant, l’Echalote, qui essaie de s’en sortir en se déguisant en jeune fille.
Comment en arrive-t-il là ? Lorsque son père noir est tué par James Brown, ce dernier décide de « sauver » le petit enfant de 12 ans. Prenant Henry pour une jeune fille – ayant les traits fins, il a aussi la particularité d’avoir la peau très claire pour un noir -, Henry pense bien faire en se taisant et en acceptant de s’habiller en fille. Il devient alors Henrietta.
Ce livre comporte plusieurs intérêts. D’abord, un côté historique marqué, John Brown (1800 – 1959) étant un abolitionniste blanc qui a réellement existé. James McBride insiste sur son côté extrémiste et violent, voire fanatique et totalement à côté de la plaque. Ce caractère fort et totalement barré donne au livre du peps et de l’entrain, et permet d’accentuer le côté ironique de certaines situations.
Il est notamment fascinant de voir le décalage entre la position de l’homme blanc, voulant délivrer les esclaves de leur malheur, et ses derniers, qui ne se trouvent parfois pas si mal lotis. Sous des aspects ironiques, c’est pourtant bien la notion de liberté qui est traitée avec sérieux.
Le fait que l’histoire soit racontée par l’Echalote/Henry/Henrietta permet des prises de position légères et drôles, malgré le sujet dramatique, l’Echalote ne pensant par ailleurs qu’à s’enfuir des mains de son bienfaiteur. Il lui arrivera d’ailleurs de nombreuses aventures, et le livre fourmille d’actions et de rebondissements.
Pourtant, malgré un sujet intéressant, de l’action, une agréable légèreté de ton et un humour certain, des personnages aux caractères forts, un livre bien écrit, il manque à ce roman le petit quelque chose qui en fait un livre entraînant. Bien écrit, parfois peut-être trop écrit, avec des passages trop étirés en longueurs, le rythme lent et un peu lancinant qui en résulte empêche d’être totalement emporté dans cette histoire. C’est dommage.
A noter qu’une adaptation cinématographique est annoncée, et ce livre s’y prête très bien.
National Book Award 2013
Révélation étrangère 2015 du magazine Lire
Publié dans le cadre du mois américain organisé par Martine.
James McBride est en ce moment présent au Festiva America 2016 à Vincennes.
Les premières lignes :
(Lire un extrait plus long)
Wilmington, Delaware. (AP) Le 14 juin 1966 – À la suite d’un incendie qui a détruit la plus vieille église noire de la ville, on a retrouvé un récit d’esclave des plus stupéfiants, mettant en lumière une période méconnue de l’histoire américaine.
La Première Église baptiste unie noire d’Abyssinie, située au carrefour de la 4e Rue et de Bainbridge a été détruite par les flammes hier soir.
La présentation des éditions Gallmeister :
En 1856, Henry Shackleford, douze ans, traîne avec insouciance sa condition de jeune esclave noir. Jusqu’à ce que le légendaire abolitionniste John Brown débarque en ville avec sa bande de renégats. Henry se retrouve alors libéré malgré lui et embarqué à la suite de ce chef illuminé qui le prend pour une fille. Affublé d’une robe et d’un bonnet, le jeune garçon sera brinquebalé des forêts où campent les révoltés aux salons des philanthropes en passant par les bordels de l’Ouest, traversant quelques-unes des heures les plus marquantes du XIXe siècle américain.
Dans cette épopée romanesque inventive et désopilante, récompensée par le prestigieux National Book Award en 2013, James McBride revisite avec un humour féroce et une verve truculente l’histoire de son pays et de l’un de ses héros les plus méconnus.
James McBride
L’oiseau du bon dieu
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par François Happe
Gallmeister, Août 2015, 445 pages.
VO : The Good Lord Bird
C’était un coup de coeur ! J’ai le souvenir de m’être amusée à le lire, même si je comprends ton ressenti de « longueurs ».
C’est vrai que c’était un de tes coups de coeur, et c’était aussi une des raisons de ma lecture 😉
J’appartiens aux lecteurs enthousiastes. C’est un roman que j’ai beaucoup aimé ! Et je ne l’ai pas trouvé long ni lent, au contraire, j’ai été sensible à toutes les qualités que tu soulignes.
Les qualités de ce roman sont indéniables, c’est vrai, et je regrette d’ailleurs un peu de ne pas avoir été emballée sans réserve par ce livre.
Malgré la lenteur que tu soulignes, je note : je suis intéressée évidemment apr le contexte historique…
C’est un point en effet qui est très intéressant, et si tu aimes cette époque, tu devrais apprécier ce roman.
Il me tentait bien mais je suis un peu refroidie par ta conclusion…du coup il va descendre dans ma liste de priorités !!
D’autres lecteurs sont plus enthousiasmes que moi, même si ce livre a plein de qualités, je n’ai en effet pas réussi à être en plein dedans, tout le temps.
ça a l’air intéressant mais je le verrai plutôt en film.
Il va falloir attendre encore un peu 🙂
Je suis en train de lire Miracle à Santa Anna, et je serai plus enthousiaste que toi, je pense !
Je veux bien en lire un autre, mais un livre sur la guerre, ça ne m’attire pas trop…
Malgré des petites redondances j’ai beaucoup aimé cette lecture car elle est drôle mais aussi très sérieuse 🙂
C’et vrai qu’il réussit bien à mêler le sérieux et l’humour.
Je l’ai plus aimé que toi, et j’ai malheureusement raté McBride au festival (je pense que je ne l’ai même pas croisé). Je pense aussi lire son précédent qui se déroule pendant la Seconde Guerre mondiale.
Je l’ai vu de loin … mais c’est vrai que je ne l’ai entendu dans aucune des conférences auxquelles je suis allée. Je vais plutôt attendre son livre suivant, pour voir si je me laisse tenter.
Ton bémol final m’éloigne de ce livre…
C’est vraiment son point faible …