Kinderzimmer est un livre bouleversant et percutant, sur les camps de concentration, mais aussi sur la solidarité et la maternité, qui secoue au plus profond de soi.
Magistral.
C’est le mois d’avril 1944. Pour nous lecteurs, c’est bientôt la fin du conflit. Pour Mila, c’est le début d’une guerre, le début de sa guerre, pour tenter de rester digne et pour tenter de survivre.
Elle avait cru vivre l’horreur à la prison de Fresnes, elle va découvrir l’enfer, l’inhumanité et la haine à Ravensbrück.
Elle va aussi découvrir qu’elle est enceinte, enfant dont elle ne peut admettre l’existence quand les corps féminins autour d’elle se décharnent, quand les cheveux tombent, quand la nourriture n’existe même pas pour une personne.
Dans cet univers de saleté et de poux, de faim et de soif, de cris et d’insultes, dans ce camp où la mort rode à chaque instant, la possibilité d’une naissance, d’une vie, redonne de l’espoir, regroupe les femmes entre elles, la solidarité prend le dessus pour réussir à faire naître cet être en devenir, ce « petit » espoir d’un futur, d’un demain.
Et c’est là que le titre prend tout son sens ; Kinderzimmer, c’est la pièce des bébés, pour les nourrissons cachés loin des baraques puantes où s’entassent les femmes maigres et épuisées. L’espoir de vivre dans cette pièce reste infime, le lait, c’est pour les animaux, les bébés peuvent crever. Les maladies dominent en maîtres, les enfants se creusent et vieillissent à vue d’oeil …
Et l’instinct maternel dans tout ça ?
Ce roman bouleversant est né d’une rencontre de Valentine Goby avec une personne née à Ravensbrück. Mila est bien un personnage fictif, mais cette rencontre a nourri le roman de Valentine Goby avec force et justesse, de détails et d’un fort réalisme.
On en ressort profondément secoué. On croit savoir, mais non, on apprend encore en lisant Kinderzimmer. On ne s’habitue pas à l’horreur, et Mila ne s’efface pas si vite une fois le livre fermé.
Il en sort un roman grinçant et dérageant, qui est une pure réussite. C’est un livre claque, mais un livre coup de coeur !
N’hésitez pas à lire les avis de BricàBook, de Clara, Eva, Jérome, Noukette, Stephie, Valérie, et de pleins d’autres que vous trouverez au fil des blogs. C’est grâce à tous ces avis positifs que ce livre repoussé à demain à pris le chemin de la table de chevet !
Prix des Libraires – 2014
Prix SOS Libraires Littérature française – 2014
Prix des Lecteurs du Maine Libre – 2013
Les premières lignes de Kinderzimmer :
Elle dit mi-avril 1944, nous partons pour l’Allemagne.
On y est. Ce qui a précédé, la Résistance, l’arrestation, Fresnes, n’est au fond qu’un prélude. Le silence dans la classe naît du mot Allemagne, qui annonce le récit capital.
La présentation de l’éditeur (4e de couverture Actes Sud) :
« Je vais te faire embaucher au Betrieb. La couture, c’est mieux pour toi. Le rythme est soutenu mais tu es assise. D’accord ?
– Je ne sais pas.
– Si tu dis oui c’est notre enfant. Le tien et le mien. Et je te laisserai pas.
Mila se retourne :
– Pourquoi tu fais ça ? Qu’est-ce que tu veux ?
– La même chose que toi. Une raison de vivre. »
En 1944, le camp de concentration de Ravensbrück compte plus de quarante mille femmes. Sur ce lieu de destruction se trouve comme une anomalie, une impossibilité : la Kinderzimmer, une pièce dévolue aux nourrissons, un point de lumière dans les ténèbres. Dans cet effroyable présent une jeune femme survit, elle donne la vie, la perpétue malgré tout.
Un roman virtuose écrit dans un présent permanent, quand l’Histoire n’a pas encore eu lieu, et qui rend compte du poids de l’ignorance dans nos trajectoires individuelles.
Valentine GOBY, Kinderzimmer
Parution : Août 2013 – Actes Sud (224 pages)
Magistral oui. LE roman de l’année 2013 pour moi. Pas sûr d’avoir lu quelque chose de mieux depuis d’ailleurs.
J’ai vraiment traîné inutilement, sans trop savoir pourquoi d’ailleurs … je n’ai pas vraiment réfléchi pour comparer, mais en effet, c’est peut-être LE roman 2013 ! Pour 2014, je reste (encore) bloquée sur Réparer les vivants 🙂
Magistral et paradoxalement extrêmement lumineux… Un grand roman !
Oui, tu as le mot juste, c’est un livre qui reste malgré tout très lumineux !
J’ai très très très envie de le lire depuis des mois, mais j’attends la sortie en poche pour m’y mettre (et j’ai une PAL à faire peur, il faut que j’arrête de me faire tenter et que je la fasse descendre un peu 😉
C’est l’été, et c’est le moment de rajouter ce roman sur ta pile, quitte à en mettre un autre de côté … 😉
c’est un livre dur, mais un vrai coup de coeur! très contente que tu l’aies lu et que tu aies adoré!
C’est tout à fait le genre de livre qui me plait : dur et beau en même temps !
Ton article finit de me convaincre ! J’avais un peu peur et je n’aime pas du tout la couverture pour reprendre un argument très micmélesque:-) mais là je vais y aller! Comme tu dis tous les blogueurs ont aimé !
Vraiment sans hésitation ! Et ne fais pas comme moi, ne tergiverse pas pendant des semaines avant de le lire 😉