David fait une crise de la quarantaine. Ca ne va pas fort dans son couple, il refuse de s’engager et d’avoir un enfant. Il ne cesse de ressasser les histoires de malédictions entendues quand il était enfant. Transmettre sa lignée lui parait difficile.
Cela est d’autant plus difficile que pour lui, les hommes sont « mauvais », et qu’il est lui-même possédé par le démon, comme son père et son grand-père, qui ont quitté femme et enfant, pour devenir alcooliques et marginaux.
Pas facile de construire sa vie sur de telles bases. Un jour, David décide de faire un point sur son passé, et d’aller à Lisbonne, où les hommes de sa lignée se sont enfuis. Il va boire, se perdre, rechercher derrière les vagabonds et clochards le père qu’il n’a jamais connu.
L’écriture d’Eric Pessan est agréable, et j’ai lu la première moitié du livre avec grand plaisir. Mais à partir de la moitié du roman environ, il m’a donné l’impression de piétiner, de ne plus trop savoir commencer avancer.
Je n’ai plus trop compris où il voulait aller, j’ai commencé à trouver les procédés utilisés répétitifs et je me suis ennuyée. Je pense ne pas avoir adhéré à l’idée du narrateur :
Je brûlais d’envie que le chemin le plus court entre un point A et un point B ne soit pas toujours la ligne droite, que s’ouvrent des portes donnant sur d’autres espaces et que le réel ne soit qu’une interprétation des possibles.
Plusieurs ouvertures de portes m’ont semblé inutile. Pourtant, c’était vraiment bien parti, bien écrit, et j’avais vraiment envie de poursuivre cette lecture. C’est vraiment dommage que sur la durée, la narration n’ait pas suivi.
Les premières lignes :
Les démons : au bord de la route, je les ai vus à l’oeuvre, griffes et cornes luisantes, crocs terribles, écailles, soies et cuirs obscurs, je n’ai pu éviter de les voir comme j’ai aussi vu les lambeaux de ceux qu’ils saisissent, les vestiges lamentables de leurs proies, les visages creusés jusqu’à l’os : des trognes de gars miteux, égarés, hébétés, ahuris d’être dévorés vifs, les membres chiffonnés, les ventres ouverts sur des tunnels de viscères.
La présentation de la 4e de couverture par Albin Michel :
N’ayant connu ni son grand-père ni son père, mystérieusement disparu alors qu’il avait deux ans à peine, David décide à quarante ans d’assembler les pièces de son puzzle familial en se rendant à Lisbonne où ce dernier s’est enfui.
Hanté par une enfance prisonnière du ressentiment maternel, d’une éducation faite de mensonges, d’omissions et d’anathèmes sur les hommes qui boivent et qui finissent clochards, il n’aura de cesse de nourrir la peur de reproduire leur destin au fil d’une dérive en forme de perdition aussi vertigineuse que fascinante.
Eric PESSAN
Le démon avance toujours en ligne droite
Janvier 2015, Albin Michel, 320 pages
J’avais découvert l’auteur avec Muette ce qui m’a poussée à prendre ce nouveau roman. Ton avis me laisse penser qu’il sera moins bien.
Je vais lire Muette alors, car j’ai envie d’en lire un autre. Même si j’ai été déçue par la fin, j’ai vraiment énormément aimé le début.
Les histoires de couple qui partent en chaussette, les dépressifs et autres maux contemporains, ça n’est vraiment pas pour moi…
Ca te permet d’en écarter beaucoup 😉