Chevrotine pourrait être l’histoire d’une romance, de la rencontre par Alcide Chapireau de la femme qu’il n’espérait plus pour remplacer Nélie, lui laissant deux fils, et disparue bien trop tôt. Mais c’est l’histoire d’un cataclysme.
Eric Fottorino décrit parfaitement bien une jolie rencontre en bord de mer, qui va petit à petit se désagréger, se transformer en torture psychologique, en vrai naufrage.
Le début de la rencontre est enchanteresse, comme une histoire de conte de fées. Mais la fée se met à dérailler de plus en plus, et la façade d’origine se craquelle.
Au même rythme que la prise de conscience d’Alcide, le lecteur prend conscience de la transformation. De proche et câline, Laura devient distante et froide. Elle se met à haïr les enfants d’Alcide, elle ne supporte plus Benjamin, son discours devient piquant et acerbe. Elle manie à la perfection le chaud et le froid, tout devient insupportable, et cette histoire d’amour devient celle d’un cauchemar.
Eric Fottorino décrit très bien toutes les tergiversations d’Alcide, qui aurait pu partir, qui aurait pu se rebeller. Mais Alcide est un homme amoureux, et c’est surtout un homme faible. Pour éviter le conflit, il laisse ses fils s’éloigner de lui, il laisse leurs amis prendre le large, surtout son ami Nénesse, et l’étau se resserre indéniablement sur ce couple délétère.
Comme il l’avait déjà fait dans Baisers de Cinéma, Eric Fottorino interroge aussi, de manière différente certes, mais toujours de manière évidente, la relation parent/enfant.
C’est à la veille de se rendre à l’hôpital qu’Alcide revient sur ses souvenirs, au moment où il se dit qu’il est temps de révéler la vérité à sa fille Automne, son dernier enfant et la fille de Laura, au moment où il tente de lui écrire pour la lui révéler.
On entre vraiment dans cette histoire avec enchantement, et on en ressort avec effarement. La plume d’Eric Fottorino rend cette histoire très crédible, et l’on imagine très bien la manipulation, les cris, les doutes et l’espoir d’un retour à la normale, l’espoir d’une vie de famille apaisée et sereine. En vain.
Les premières lignes de Chevrotine :
Alcide Chapireau jeta un coup d’oeil par la fenêtre. Le soleil émergeait à peine entre les brumes. La mer s’était retirée à l’infini, découvrant une cuirasse de vase fendillée et les pieux sombres des bouchots.
La présentation de Gallimard (4e de couverture) :
« Toutes les femmes attendent le grand amour. Ta mère cherchait son assassin. »
Eric FOTTORINO, Chevrotine
Parution : Mai 2014 – Gallimard
Un auteur que j’apprécie, j’ai bien envie de me faire plaisir!
Je trouve que ce livre est très bien pour les vacances !
Un auteur que j’ai découvert très récemment et que j’ai envie de relire. Pourquoi pas avec ce titre-là…
Je n’en ai pas lu beaucoup de ses livres, mais il me donne vraiment envie d’aller plus loin … N’hésite pas à nous faire découvrir un autre livre si tu hésites ?!
Je n’ai encore rien lu de cet auteur mais j’avoue que le thème ne me tente pas…
Il a une plume très agréable, n’hésite pas à en piquer un autre au hasard !