Ce qui se passe réellement dans le lycée privé catholique St-Michael, seuls les étudiants le savent. La brutalité de la jeunesse existe ici bien plus qu’ailleurs. Pas loin d’être en ruine, tenu par des professeurs dépassés, dirigé par une bonne soeur sans poigne, on se demande bien comment ce lycée tient encore debout.
1991. Six mois avant la rentrée.
Clink a subi, à son arrivée dans ce lycée, comme les autres, le bizutage de première année. Certains s’en sortent, d’autres restent marqués toute leur scolarité. Clink n’a pas d’ami, il est borderline et lance ses dernières armes. L’épisode ressemble à une apocalypse scolaire, on se demande ce qu’il se passe dans cet établissement, c’est irréel, ça va vite, ça pulse, ça finit avec des cris et des blessés. Le début est fracassant. Bref, on se demande dans quel livre on a mis les pieds.
Et on se rend vite compte qu’on met les pieds dans un livre rapide et vif, qui va mettre la lumière sur les dysfonctionnements d’un lycée, avec des personnages adultes haut en couleur, dont les caractères forcés sont fort réjouissants (l’instit frigide, coincée et méchante, le prêtre qui n’en peut plus et ne veut qu’une chose, fermer ce lycée de malheur, le gentil professeur compréhensif). Sans compter bien sûr les lycéens eux-mêmes, au centre de cette histoire qui se tient perpétuellement à la limite du « too much », de l’exagéré, mais de façon positive. Cela donne l’impression que les faits (parfois proches du burlesque, parfois de la triste réalité, parfois de la cruauté) sont racontés par ces ados, avec leurs mots, leur vision faussée de la réalité et de la valeur des choses, ou une erreur de cravate devient une humiliation incommensurable, ou un sourire se transforme en passion, ou l’idée d’un bizutage en horreur intersidéral.
Ce roman est envoûtant et prenant pendant toute sa lecture, on ne peut s’empêcher de trouver ces gamins touchants, mais aussi un peu flippants il faut l’avouer, ça dérape souvent, ça dérape mal, ça peut être douloureux, physiquement, psychologiquement, irréversible ou rattrapable. En plus, et surtout, c’est bien écrit, c’est dépaysant, c’est parfois marrant. Allez-y, et je peux vous assurer que vous ne regretterez plus jamais vos années d’étudiants.
Ce premier roman avait été très justement repéré et faisait partie de la première sélection du Prix FNAC 2015.
Les premières lignes de Brutes :
Le gamin avait reçu bien des punitions au fil des ans, aussi avait-il pas mal de coups à rendre.
Une trappe métallique aménagée dans le toit de l’établissement scolaire St. Michael the Archangel trembla avant de s’ouvrir brusquement, laissant échapper le garçon qui alla s’écrouler sur le goudron en refermant le battant d’un coup de pied déchaussé.
La présentation des éditions Denoël :
(ou lien direct site Denoël)
Pittsburgh, années 1990. Saint-Mike est un lycée catholique en perdition. Sa réputation désastreuse l’a transformé en décharge à délinquants et le corps enseignant a depuis longtemps baissé les bras, préférant fermer les yeux sur les agissements de certains élèves qui se livrent à un bizutage sans merci sur les plus jeunes. C’est au milieu de cet enfer que Peter Davidek fait son entrée en première année. Il se lie avec Noah Stein, un garçon plein de ressources portant une mystérieuse cicatrice au visage, et la belle et fragile Lorelei, qui rêve d’entrer dans le clan très fermé des filles populaires. À trois, auront-ils une chance de survivre à ce système scolaire cruel où l’on entre innocent et dont on ressort en ayant fait de l’intimidation et de la brutalité un mode de vie?
Brutes est un roman d’apprentissage inversé, où les élèves découvrent qu’au lieu de chercher la maturité et la sagesse, mal tourner est le meilleur moyen de s’en sortir.
Anthony BREZNICAN
Brutes
Traduit de l’anglais (Américain) par Mathilde de Tamae-Bouhon
Denoël, Août 2015, 560 pages
VO : 2014, Brutal Youth
je note … vous m’avez intriguée!!!!!
Tant mieux, il est vraiment très chouette ce livre !
Pas sûre que cela me plairait.
J’ai été vraiment prise dans l’histoire de ce roman, son rythme, son ambiance gentillement (ou non) borderline.
Le sujet ne me tente pas du tout. Il était d’ailleurs dans la sélection de Babelio pour la masse critique d’aujourd’hui mais j’ai choisi d’autres livres.
Ce n’est pas un sujet vers lequel je serais allée spontanément, et j’ai été sacrément surprise du coup !
Rhoooo, mais c’est parfait pour moi ça, non ?
C’est assez déjanté oui, mais est-ce que c’est assez noir …. 😉
J’en ai entendu parler .. et ton avis me pousse à le lire ! Je le note 😉
Je suis contente que tu en aies entendu de ce livre, car il le mérite, et je trouve qu’on en parle pas assez justement 🙂
Il a l’air vraiment bien. Je note le titre.
Ce livre m’a beaucoup surprise, en bien je veux dire !
Ça a l’air prometteur…je note !
C’est prometteur, oui !
Ce livre, à te lire, a l’air très sympa. Mais j’ai l’impression que cela touche à des thèmes qui sont désormais un peu lin de moi…
Ce n’est pas du tout un livre « ado ». Je ne suis plus étudiante depuis longtemps, et j’ai vraiment passé un super moment avec ce livre 🙂