David Vann avait indiqué, lors du Festival América de Vincennes de 2014, qu’il changerait de style avec son roman Aquarium, et sortirait de la violence caractéristique de ses premiers livres. Son dernier roman est en effet différent, mais il reste malgré tout toujours des traces du David Vann des origines.
Caitlin est une gamine de 12 ans, qui vit seule avec sa mère, dans des conditions très précaires. Mais Caitlin n’est pas inquiète, elle a un laissez-passer illimité pour aller à l’Aquarium. Passionnée par les poissons, leurs têtes, leurs yeux, leurs façon de vivre, elle rencontre un vieil homme aussi passionné qu’elle, qui la comprend, la prend dans ses bras. Caitlin ne pense pas à mal, elle a douze ans, pour elle, c’est son ami secret. Mais le jour où elle en parle à sa mère, cette dernière s’inquiète, appelle la police, et la vie paisible de Caitlin et de sa mère Sheri bascule à jamais.
La première partie du roman se lit à travers les yeux de Caitlin, simplement, avec la naïveté et la passion d’une jeune fille de douze ans. La lecture est fluide et reposante et le lecteur qui connait David Vann se dit qu’il a en effet changé totalement sa narration et que son nouveau parti pris lui convient plutôt bien.
Mais cela doit être plus fort que David Vann. La violence va à un certain moment reprendre le dessus, et le côté dramatique de son roman va prendre plus d’ampleur. Ceci étant, on reste loin du suspens haletant auquel il nous avait habitué. Ce n’est pas gênant, c’est simplement différent, d’autant qu’on retrouve toujours une certaine tension dans les relations familiales, comme c’est le cas dans Sukkwan Island, Désolations, Impurs ou Goat Mountain.
Lecture d’une traite, livre difficile à lâcher, j’ai cependant trouvé que certaines actions et rebondissements étaient un brin factices, un peu trop « forcés », manquaient de crédibilité, tout comme la psychologie et le comportement de certains personnages, en particulier celui de la mère Sheri, trop manichéen, trop excessif ou pas assez. Cela m’a même parfois donné le sentiment que le terme de fable à l’américaine conviendrait bien à Aquarium et ce d’autant plus que des dessins illustrent le livre.
Lu dans le cadre du mois américain organisé par Martine.
Les premières lignes d’Aquarium :
C’était un poisson si laid qu’il ne ressemblait en rien à un poisson. Une pierre de chair froide envahie de mousse, tachetée de vert et de blanc. D’abord, je ne l’avais pas vu, puis je pressai mon visage contre la vitre et tentai de m’approcher.
La présentation des éditions Gallmeister :
Caitlin, douze ans, habite avec sa mère dans un modeste appartement d’une banlieue de Seattle. Afin d’échapper à la solitude et à la grisaille de sa vie quotidienne, chaque jour, après l’école, elle court à l’aquarium pour se plonger dans les profondeurs du monde marin qui la fascine. Là, elle rencontre un vieil homme qui semble partager sa passion pour les poissons et devient peu à peu son confident. Mais la vie de Caitlin bascule le jour où sa mère découvre cette amitié et lui révèle le terrible secret qui les lie toutes deux à cet homme.
La prose cristalline de David Vann nous apprend comment le désir d’amour et l’audace de la jeunesse peuvent guérir les blessures du passé. Aquarium est un pur moment de grâce offert par l’un des plus grands écrivains américains actuels.
David VANN
Aquarium
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Laura Derajinski
Gallmeister, Octobre 2016, 272 pages.
VO : 2015, Aquarium
8ème lecture du Challenge 1% Rentrée Littéraire 2016
je viens de le terminer . Immense coup de cœur pour ce roman.
Ce David Vann, difficile de ne pas l’aimer !
C’est un livre très attendu. Je le lirai sans doute mais pas certaine de l’acheter.
Heureusement que les copines et les bibliothèques sont là
Ton billet n’est pas très incitatif. On verra s’il croise ma route. Je n’ai lu que « Sukkwan island » jusqu’ici et j’avais beaucoup aimé.
Sukkwan Island est mon premier livre de David Vann, et il m’avait totalement scotché. J’aime beaucoup cet auteur, même quand ses livres ont des failles, et depuis cette découverte, je n’imagine pas rater un de ses livres
J’ai adoré ce livre ^^
Léa, ça ne m’étonne pas, je te retrouve bien !
Il l’avait dit aussi il y a environ deux ans lorsque je suis allée l’écouter dans une bibliothèque de ma région. Il avait même dit que ses romans seraient plus optimistes. Je vois que ce n’est pas le cas. Le naturel est revenu au galop. Je n’aime pas tous ses romans mais j’apprécie l’homme (très sympathique et très jovial). Mon préféré est Désolations.
Je te confirme qu’Aquarium est beaucoup plus optimiste que les précédents, cela ne fait aucun doute ! Désolations est très bon, je suis d’accord, il est totalement glaçant ce roman. Comme toi, j’aime bien l’auteur, c’est terrible à dire, mais je le trouve « étonnamment » sympa, parce que de premier abord, il a l’air plutôt froid et je dirai même « flippant », surtout quand on a lu ses livres.
Je n’ai pas du tout aimé Sukkwan Island, aussi n’ai jamais relu de roman de David Vann. Mais je lui laisserai peut-être une deuxième chance tout de même !
Essaie une deuxième chance avec celui là, c’est l’un des moins « hard » de son oeuvre.
Je me demandais s’il tiendrait sa promesse. Elle est plutôt à moitié tenue on dirait.
C’est moins noir que ses livres passés, c’est certain. Même si j’adore quand c’est noir, je n’ai pas été déçue par cette lecture, même si je lui trouve en effet certains défauts.
ce n’est pas vraiment un auteur que j’apprécie (je n’ai aimé ni Sukkwan Island, ni Dernier jour sur terre) mais celui-ci pourrait mieux me convenir…
par contre, ça fait bizarre de lire un billet sur un livre qui n’est pas encore sorti!
J’ai publié le billet alors qu’il n’était pas sorti à la demande de Gallmeister, sinon, je ne le fais jamais
je n’ai lu qu’un seul livre de lui, et j’ai encore un autre roman dans ma pàl, il faut que je m’y remette !
zut .. je voulais juste apporter que la vision manichéenne est très américaine même si elle ne représente pas la majorité des américains (je pense à Dennis Lehane, contre-exemple parfait), elle est quand même présente, surtout chez les très religieux
Disons que chez David Vann, tous ses livres jusqu’à présent ne penchaient que d’un côté du manichéisme : le mauvais côté.
Je suis une grande fan, je ne peux que t’encourager à ne pas attendre !
Je me souviens parfaitement qu’il avait dit ça! (on devait être dans la même salle…)
Oui, tu as raison, on devait être ensemble sans le savoir !
Il est sur ma liste et j’ai hâte de le lire !
Comme je te comprends, ma hâte aussi était très grande ! Je l’adore vraiment cet écrivain.